VANILLY n°6 Décembre 2002

Photo André Rau / H&K

«Garou : j'aime la solitude»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons rencontré Garou à l'occasion de la sortie du DVD de son concert. Qu'il s'agisse de l'amour de son public ou des belles de sa vie, l'ex Quasimodo est un grand sentimental.

Chantez c' est sortir de soi même?
C'est plutôt emmener le personnage à l'intérieur de moi. A chaque chanson je joue un rôle . C'est gôuter à d'autres émotions qu'on ne pense pas avoir en soi. On peut même découvrir de nouveaux trucs tous les soirs, en chantant la même chanson.

Tu fais appel à quel garou lorsque tu chantes belle?
Question singuliere! Je fais beaucoup appel au garou plein de souvenirs.Belle s'est la chanson fétiche de ce qui m'est arrivé.

Cela n'est pas trop difficile avec ton physique de jouer un bossu moche et rejeté par les femmes?
Merci pour le compliment, mais je ne me suis jamais considéré comme un beau gosse. Le physique est très important dans le show-biz, comme si, pour que les gens adhèrent à quelque chose, ils devaient te trouver beau. Jouer Quasimodo, c'était une chance inouïe de désamorcer ça.

Quand tu joues ce personnage, tu te sens vraiment comme un bossu?
Je suis totalement imprégné du personnage. J'ai pleuré souvent, en refaisant la même finale. Cela me surprend toujours! Il fallait que je me referme sur moi-même, que je sois dans une douleur profonde tout le temps. Du coup, quand les autres me faisaient une blague sur scène, ça me déstabilisait complètement

Cette douleur, tu vas la chercher où?
De mes expériences vécues, inconsciemment. On ne sait pas exactement d'où ça vient. C'est quelque part à l'intérieur.C'est pour ça que c'était difficile. Quasimodo est dans le même feeling tout le temps, alors que le spectacle de Garou est vraiment varié.

Quelles sont les chansons qui te ramènent à quelque chose de précis?
Quand j'interprète Dieu que le monde est injuste, ça me rappelle mon passé, des peines d'amour, des gens que j'ai perdu. Chaque soir, j'ai chanté Demande au soleil et je l'ai toujours dédicacée à la même personne.

Tu as déjà eu le coeur brisé?
Oui. Par la mort de cette grande amie. Je lui offre Demande au soleil pour garder le contact. On espère toujours que ça existe. Et des peines d'amour évidemment. Je suis tellement sentimental que, chaque fois que j'ai quitté une fille, j'ai pleuré le premier.

Par solidarité ou par peine?
Par peine. Pour moi, c'est intemporel. Quand j'ai aimé une personne je continue à l'aimer même si la relation s'arrête. J'ai rêvé d'une relation utopique avec elle et ça n'a pas fonctionné. C'est d'une tristesse incroyable!

Donc, cette utopie, tu la conserves?
Ca reste unique à chaque fois, oui. On essaie de vivre une histoire différente. Puisque ça n'a pas marché, il ne faut pas l'entrevoir de la même façon, mais essayer de recréer l'idéal autrement. Tout le monde a des idéaux, et souvent, on est complètement à côté.

Qu'est ce que chanter t'a appris sur tes semblables et toi même?
Plus on chante devant les foules, plus on a l'impression qu'elles ressentent la même chose. On apprend ce que cette chanson fait aux gens. Chaque personne réagit différemment, par rapport à son vécu. Quant à moi, je cherche à m'ouvrir, à laisser tomber ma timidité et surtout à partager.

Tu n'es pas effrayé par le pouvoir que ça donne, tenir 15000 personnes en haleine?
Je n'aime pas appeler ça du pouvoir. Souvent, on est traité comme des super stars, et quand certains artistes se la jouent, c'est peut-être qu'ils commencent à penser au mot "pouvoir". ils ont l'impression que tout le monde les aime, en permanence et qu'ils sont le centre du monde. Pour ma part, je suis plutôt conscient du fait que, oui, tout le monde m'aime, mais le temps du spectacle. Ils sont venus te voir et ils y repensent peut-être, mais ça s'arrête là.

Quels sont les souvenirs majeurs de ton enfance et de ton adolescence?
Ma première guitare (à 3 ans!) la première fois que j'ai soufflé dans une trompette...J'ai été très entouré par de nombreux amis. J'aime la solitude, pourtant j'ai toujours du monde autour de moi. On se retrouve un peu seul au milieu des autres...

Tu te retrouves au milieu des gens pour te livrer le moins possible?
Oui. Je me mets à nu constamment. je me fais le plus transparent possible, parce que je veux être le plus authentique possible avec mon public. Quand on sort de scène, on a envie de se cacher, de se garder des petits trucs à soi. C'est pour ça que je n'aime pas qu'on essaie de savoir trop de choses sur ma vie privée. Je me livre déjà tellement, et la seule partie qui me reste, c'est celle que les gens veulent le plus posséder.

Papotages menés par Sandra Salazar.