GALA du 14 au 20 mars 2002

Photos Max Colin / Starface / Visual / Laurence Labat

«Garou c'est pour Ulrika qu'il chante l'amour»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En privé, c'est un papa comblé. Le chanteur sillonne la France pour une tournée qui s'annonce triomphale. Son seul souci : ne pas sacrifier les siens à un bonheur professionnel. Récit.

New York. Au coeur de Manhattan. Près du ciel. Garou va y élire domicile. Dans un grand appartement qui se veut aussi un havre de paix pour sa compagne, Ulrika, rencontrée à Londres en septembre 2000, et sa fille,Emely, née en juillet dernier. Les deux femmes de sa vie y seront à l’abri des flashes comme des remous de sa célébrité fulgurante. Car pour ce jeune papa de vingt-neuf ans, le business doit aussi s’effacer face à l’essentiel. Certes. à New York, Ulrika aura l’occasion de relancer sa carrière de mannequin. Garou pourra peaufiner son prochain album, en anglais celui-là. Mais les valeurs familiales passeront avant tout « Elles sont capitales ». confesse-t-il. Il a d’ailleurs passé tout l’été dernier à biberonner, changer les couches et bricoler sa cabane quelque part au bord d’un grand lac canadien, sa terre d’origine. Cinq mois d’air pur après une année d’ivresse où il a enflammé l'Olympia et le zénith. Cinq mois d'ancrage avant de repartir sur la route. Car Garou est avant tout une bête de scène. Mars 2002 le voit dans les plus grandes villes de France avec, en point d’orgue, trois concerts à Bercy les 19,20 et 21 mars. Un géant est né.
D’ailleurs, quand il évoque «P’tit cul », Luc Plamondon ne parle plus, il prophétise «il peut faire une carrière à la Johnny Hallyday. » A bon droit. Garou, il lui a donné naissance. En 1995. Dans un bar, au fin fond d’un rade québécois où l’apprenti chanteur s’égosillait chaque soir devant un public imbibé de bière... «Veux-tu être mon Quasimodo ? » lui a demandé l’auteur de Notre-Dame de Paris, séduit par le charisme de ce gaillard de 1,90 mètre, sa voix rocailleuse, puissante, impétueuse. Face à cet inconnu qui lui proposait de voir du pays, Garou n’a pas bronché. Il a juste acquiescé, instinctivement d’un hochement de tête et avec son sourire immense qui découvre ses dents blanches, plantées bien droites. Pas la peine de réfléchir quand il s’agit simplement de suivre le destin. On a une âme de gitan ou pas. Et son inspiration ne l’a pas trahi. Sept ans plus tard — sept ans de bonheur—, Garou explose hordes de groupies échevelées qui scandent son nom à chaque concert, ronde des palaces luxueux, cachets faramineux. Telle est la nouvelle vie de ce fils d’un petit mécano, né dans les frimas de Sherbrooke, au Canada. Lui qui fut un ado indiscipliné, tour à tour punk, skinhead, heavy metal, trompettiste dans l’armée, déménageur. vendeur de fripes.., le voici désormais chan­teur populaire number one. Idole des jeunes. Machine à fantasmes. il vocalise en duo avec Céline Dion. « R’né Angelil », le plus grand producteur de la planète, chapeaute sa carrière. Et son premier disque, Seul, s’est déjà vendu à 1,8 million d’exemplaires. Pas de quoi pourtant lui tourner la tête. « Je n’ai jamais demandé à devenir un artiste populaire et j’agis de la même façon que je le faisais dans les bars au Canada », affirme-t-il, comme pour préserver sa liberté. fl y a du rocker chez ce type-là. Du sang chaud et un regard bleu glacier qui ne s’enlaissent pas imposer. En quelques années, l’artiste a réussi à se forger une image de rebelle digne des plus grands noms de la scène. Les plaisirs effrénés ont longtemps été sa raison d’être. Par amour des nuits passées à cavaler les filles, à fumer, à boire, à flamber au black­jack et au poker. « Un loup, ça va courir », plaisante-t-il. Garou a la santé des grands. L’indépendance aussi. « C’est lui qui décide, avoue René Angelil, il peut dire non s’il ne ressent pas les choses. »Il ne s’en prive pas, d’ailleurs. Les managers de Sony International, sa maison de disques, voulaient que son premier album soit en anglais. Il l’a enregistré en français, quitte à bouleverser leurs plans. Du coup, même ses employeurs sont sous le charme. «Il est une voix, mais aussi un sourire et une attitude, disent-ils. On est à l’aube d’une génération Garou.» Pourquoi pas? Les filles craquent pour sa gueule d’amour qui lui a valu d’être élu le plus bel homme du Québec. Les garçons aiment sa fougue. Sa façon de ne jamais compter. Sur scène, pantalon de cuir et tee-shirt moulant, il improvise, ne ménage ni son temps ni sa sueur, tout au plaisir de faire plaisir. Dans la vie, ses écarts ont de quoi fasciner. En mai dernier, au sortir d’une nuit de fête à Montréal, il fracasse sa Ferrari 348 Spider contre une glissière de sécurité de l’autoroute et s’en sort indemne. « J’ai toujours vécu dans l’excès. S’il fallait que je sois rigide et discipliné, j’arrêterais ce métier.»Pourtant, sa fureur de vivre est celle d’un gentil garçon. Garou hurle, Garou fume, Garou boit, Garou aime. Son public, évidemment, qu’il a longtemps surnommé sa « blonde ». Mais les siens avant tout. Il a dédié deux titres à Isabelle, une amie disparue tragiquement et qui lui avait mis le pied à l’étrier quand il n’était qu’un chien fou. Bon fils, il n’oublie pas d’appeler ses parents. Protecteur, la première chose qu’il fasse après avoir découché est d’aller prendre sa fille dans ses bras. « Je veux être le meilleur des pères pour Emely », dit ce chanteur qui, même en tournée, saute dans sa voiture pour rejoindre sa famille après un concert. Question de vie. De survie. Car malgré la folie qui l’entoure, Garou sait que le meilleur moyen de durer est de sacrifier le plus souvent possible aux joies d’une existence simple. Pas si bête..
Laurent Del Bono 

INTERVIEW

Gala : Avec 1 ,8 million d’albums vendus pour Seul et, rien que cette annee, trois NRJ Awards, deux nominations aux Victoires de la musique, I’Olympia, le Zénith et quatre Bercy, êtes-vous allé “Au bout de vos rêves "?

Je ne crois pas, puisque jamais de ma vie je n'ai rêvé de chiffres .Ce que je sais, c’est que j’ai eu raison d’attendre avant de faire cet album. ll y a sept ans, une maison de disques m’avait approché. J’avais refusé. Je chantais dans les bars, ça me convenait. Je n’étais pas assez mature.

Gala Aujourd’hui, vous l’êtes?

Aujourd’hui, j’ai enfin grandi, je ne suis plus influençable. Et je sais ce que je ne dois pas faire. D'ailleurs, c'était le credo de Céline Dion et René Angelil quand ils m’ont proposé de me produire. Céline m’a dit «On ne veut pas te dire ce que tu dois faire, mais plutôt ce qu’il ne faut pas faire.
Gala Vous assumez ce printemps un grand nombre de concerts en France. Comment fait-on pour garder la voix?
En tournée, je m’oblige à un régime de choc. Du poisson, des vitamines, du jogging. Mais en temps normal, je mange très mal et je fume beaucoup...

Gala Vous êtes une star en France. Comment vivez-vous cette notoriété très soudaine?
Plutôt bien, même si c’est devenu impossible de me promener tranquillement à Paris. Je ne comprends pas les demandes d’autographes. J’ai envie, moi, de savoir qui sont mes fans, de discuter avec eux. Mais, à la fin des concerts, je ne vois pas des têtes mais des bouts de papier. C’est étrange.

Gala: Désormais, vous vivez le succès, connaissez l’amour et êtes jeune papa....
Oui, comme quoi un bonheur n’arrive jamais seul. J’ai fait la connaissance d’Ulrika dans la rue, à Londres, où je chantais Notre-Dame de Paris.

Gala : Et aujourd’hui, vous changez de vie

Oui. Nous allons nous installer à New York. Ulrika va pouvoir retravailler dans la mode. Moi, dès cet été, je m’attelle à mon premier disque en anglais. Ensuite, on va faire le tour du monde pour en parler. Ce qui m’arrive est incroyable, non?

Propos recueillis par Denis Latraverse