Carrefour savoirs n°55 janvier 2004

 

«Garou, il revient !»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les triomphes de Notre-Dame de Paris, puis de son premier album Seul, vendu à plus de deux millions d’exemplaires, ont rapidement propulsé Garou au rang de star.
Un succès qui n’est pas monté à la tête de ce Québécois de
31 ans à la voix exceptionnelle.
Au contraire, Garou a trop connu les années d’apprentissage et de galère, affûtant sa passion (et sa voix) dans les bars enfumés et les couloirs du métro, pour n’être qu’un chanteur éphémère porté par la vogue des comédies musicales. Il démontre avec son second album, Reviens, qu’il est un artiste avec qui il faudra compter pour un bon bout de temps. Tant mieux.

Le parcours de Garou tient du conte de fées et il n’est donc pas inutile de revenir sur ces fées, pardon, sur ces faits, qui l'ont porté, jusqu’au-devant de la scène, Pierre Garand (car c’est son nom) né à Sherbrooke au Québec. Des scènes du monde entier qu’il foule désormais allégrement. Comme pour ses "collègues" et concitoyennes, Natasha St-Pier, Isabelle Boulay et Céline Dion, Garou est issu d’une famille où la musique et la chanson occupent une grande place. A trois ans, le futur interprète de Sous le vent se voit offrir sa première guitare. Puis ce sera le piano qui achèvera de le rallier définitivement à la cause de la musique.
Enfant, Garou rêve de devenir archéologue. Les seules fouilles qu’il pratiquera plus tard le mèneront au fin fond des discothèques et des clubs de Sherbrooke qu’il fréquentera assidument. Là, il va dépenser sans compter ses vingt ans. Les réveils sont parfois brutaux. Le jour, Garou doit gagner sa vie et se retrouve déménageur ou travaille dans un magasin de vêtements. Heureusement, sa guitare est toujours à portée de main et de coeur et il fréquente tous les endroits où l’on peut chanter. Le premier contrat va faire pénétrer Garou dans le circuit des bars où il va tourner inlassablement, apprenant pour toutes sortes de publics, toutes sortes de répertoires, passant du rock le plus ultime à la bluette la plus sucrée.

Mais Garou reste un rebelle qui ne se sent pas prêt à écouter les sirènes du show business. Jusqu’à ce que Luc Plamondon le remarque dans un bar et tombe « en amour » de sa voix.

Les années 1990 vont ainsi débuter pour Garou qui va bientôt connaitre un virage décisif. Il va se produire au Liquor Store un endroit branché de la ville, où Les dimanches de Garou vont connaitre un succès foudroyant. Jusqu’alors Garou chantait pour lui ou presque, désormais, il chante pour le public. Tous deux se découvrent, s’apprivoisent et s’apprécient. Un artiste nait devant un public: Garou. En 1995. il fonde un groupe: The Untouchables, qui, armé de cuivres rutilants, va visiter le répertoire soul et blues si cher au coeur de Garou. Au fait, comment Pierre Garand est-il devenu Garou? Cela remonte à l’enfance. Entre copains, on se hèle par son nom: Hé Garand ! qu’un ami va bientôt transformer en Garou. Le nom restera. Mais retour au coeur des années 1990, Garou est désormais sur les rails de sa future carrière. Un groupe béton et une expérience déjà probante attirent des propositions de maisons de disques. Mais Garou reste un rebelle qui ne se sent pas prêt à écouter les sirènes du show business, jusqu’à ce que Luc Plamondon le remarque dans un bar et tombe "en amour" de sa voix. Le créateur de Starmania est convaincu que la voix qu'i! entend est celle de Quasimodo, un des principaux rôles de la comédie musicale qu’il prépare avec Richard Cocciante, Notre-Dame de Paris. Pendant l’audition, c’est justement ce dernier qui est au piano et qui entame le premier couplet de Belle. Garou enchaîne, Luc et Richard se regardent. Ils ont trouvé Quasimodo.
La suite appartient à l’histoire. La comédie musicale est un triomphe. Le public place Belle parmi ses chansons préférées du siècle. Le succès peut s'avérer un rouleau compresseur pour un chanteur tout juste sorti des bars. Mais Garou ne tombera pas dans le piège de « la grosse tête ». Le conte de fées va continuer de plus belle, Céline Dion et son mari René tombent sous le charme de cette voix rocailleuse qui charrie des pépites. Ils lui proposent de le produire. "Seul" va être le fruit de cette union artistique. Beau bébé qui va grandir jusqu'à plus de deux millions d'exemplaires "Sous le vent" en duo avec Céline, je n'attendais que vous, Seul et presque toutes les chansons de l'album sont des tubes repris en choeur par des milliers de fans dans toutes les salles de France que Garou sillonne à la rencontre d'un public avec qui il se découvre une histoire d'amour passionnée. La star (puisque c’en est une désormais) travaille ensuite un moment sur un projet d'album en ang!ais et, au printemps 2003, impatient de retrouver le public, il envoie tout balader et exige qu'on lui présente des titres en français. Il en écoutera plus de cent avant d'en retenir seize qui constituent ce second album, Reviens. Il retrouve des noms qui jalonnaient le chemin magnifique de Seul. Jean-Jacques Goldman, Erick Benzi Jacques Veneruso, Gildas Arzel, Romano Musumarra, mais également Gérald de Palmas et le "père" de scène; Luc Plamondon sont de la partie. Une partie que Garou devra gagner sans problème. Les cartes qu'il a en main sont trop belles pour qu’il laisse échapper la victoire. Des chansons qui servent plus encore l'étendue de sa palette vocale, d'autres qui se rapprochent du blues (Une dernière fois encore), certaines qui sont en rupture et font découvrir de nouveaux territoires musicaux, {Pendant que mes cheveux poussent. Les filles} et toujours cette voix unique, qui semble plus posée, gagnant en force et en conviction. Les ingrédients d'une recette qui n'est que celle du coeur et de l'émotion. Garou ne connait pas d'autres langages et c'est ce qui fait de lui un grand. Un très grand. Comme le dit parfaitement Jean-jacques Goldman à qui on peut reconnaître une certaine expérience "Comme Céline Dion et Johnny Hallyday, Garou est au-dessus. Cest inexplicable mais en studio comme sur scène, ils sont un cran au-dessus".

Confirmation dans Reviens. M
RÉMI BOUET