Les triomphes de Notre-Dame de Paris,
puis de son premier album Seul, vendu à plus de deux millions
d’exemplaires, ont rapidement propulsé Garou au rang
de star.
Un succès qui n’est pas monté à la
tête de ce Québécois de
31 ans à la voix exceptionnelle.
Au contraire, Garou a trop connu les années d’apprentissage
et de galère, affûtant sa passion (et sa voix) dans
les bars enfumés et les couloirs du métro, pour
n’être qu’un chanteur éphémère
porté par la vogue des comédies musicales. Il démontre
avec son second album, Reviens, qu’il est un artiste avec
qui il faudra compter pour un bon bout de temps. Tant mieux.
Le
parcours de Garou tient du conte de fées et il n’est
donc pas inutile de revenir sur ces fées, pardon, sur ces
faits, qui l'ont porté, jusqu’au-devant de la scène,
Pierre Garand (car c’est son nom) né à Sherbrooke
au Québec. Des scènes du monde entier qu’il
foule désormais allégrement. Comme pour ses "collègues"
et concitoyennes, Natasha St-Pier, Isabelle Boulay et Céline
Dion, Garou est issu d’une famille où la musique
et la chanson occupent une grande place. A trois ans, le futur
interprète de Sous le vent se voit offrir sa première
guitare. Puis ce sera le piano qui achèvera de le rallier
définitivement à la cause de la musique.
Enfant, Garou rêve de devenir archéologue. Les seules
fouilles qu’il pratiquera plus tard le mèneront au
fin fond des discothèques et des clubs de Sherbrooke qu’il
fréquentera assidument. Là, il va dépenser
sans compter ses vingt ans. Les réveils sont parfois brutaux.
Le jour, Garou doit gagner sa vie et se retrouve déménageur
ou travaille dans un magasin de vêtements. Heureusement,
sa guitare est toujours à portée de main et de coeur
et il fréquente tous les endroits où l’on
peut chanter. Le premier contrat va faire pénétrer
Garou dans le circuit des bars où il va tourner inlassablement,
apprenant pour toutes sortes de publics, toutes sortes de répertoires,
passant du rock le plus ultime à la bluette la plus sucrée.
Mais
Garou reste un rebelle qui ne se sent pas prêt à
écouter les sirènes du show business. Jusqu’à
ce que Luc Plamondon le remarque dans un bar et tombe «
en amour » de sa voix.
Les années 1990 vont ainsi débuter pour Garou qui
va bientôt connaitre un virage décisif. Il va se
produire au Liquor Store un endroit branché de la ville,
où Les dimanches de Garou vont connaitre un succès
foudroyant. Jusqu’alors Garou chantait pour lui ou presque,
désormais, il chante pour le public. Tous deux se découvrent,
s’apprivoisent et s’apprécient. Un artiste
nait devant un public: Garou. En 1995. il fonde un groupe: The
Untouchables, qui, armé de cuivres rutilants, va visiter
le répertoire soul et blues si cher au coeur de Garou.
Au fait, comment Pierre Garand est-il devenu Garou? Cela remonte
à l’enfance. Entre copains, on se hèle par
son nom: Hé Garand ! qu’un ami va bientôt transformer
en Garou. Le nom restera. Mais retour au coeur des années
1990, Garou est désormais sur les rails de sa future carrière.
Un groupe béton et une expérience déjà
probante attirent des propositions de maisons de disques. Mais
Garou reste un rebelle qui ne se sent pas prêt à
écouter les sirènes du show business, jusqu’à
ce que Luc Plamondon le remarque dans un bar et tombe "en
amour" de sa voix. Le créateur de Starmania est convaincu
que la voix qu'i! entend est celle de Quasimodo, un des principaux
rôles de la comédie musicale qu’il prépare
avec Richard Cocciante, Notre-Dame de Paris. Pendant l’audition,
c’est justement ce dernier qui est au piano et qui entame
le premier couplet de Belle. Garou enchaîne, Luc et Richard
se regardent. Ils ont trouvé Quasimodo. 
La suite appartient à l’histoire. La comédie
musicale est un triomphe. Le public place Belle parmi ses chansons
préférées du siècle. Le succès
peut s'avérer un rouleau compresseur pour un chanteur tout
juste sorti des bars. Mais Garou ne tombera pas dans le piège
de « la grosse tête ». Le conte de fées
va continuer de plus belle, Céline Dion et son mari René
tombent sous le charme de cette voix rocailleuse qui charrie des
pépites. Ils lui proposent de le produire. "Seul"
va être le fruit de cette union artistique. Beau bébé
qui va grandir jusqu'à plus de deux millions d'exemplaires
"Sous le vent" en duo avec Céline,
je n'attendais que vous, Seul et presque toutes les chansons
de l'album sont des tubes repris en choeur par des milliers de
fans dans toutes les salles de France que Garou sillonne à
la rencontre d'un public avec qui il se découvre une histoire
d'amour passionnée. La star (puisque c’en est une
désormais) travaille ensuite un moment sur un projet d'album
en ang!ais et, au printemps 2003, impatient de retrouver le public,
il envoie tout balader et exige qu'on lui présente des
titres en français. Il en écoutera plus de cent
avant d'en retenir seize qui constituent ce second album, Reviens.
Il retrouve des noms qui jalonnaient le chemin magnifique de Seul.
Jean-Jacques Goldman, Erick Benzi Jacques Veneruso, Gildas Arzel,
Romano Musumarra, mais également Gérald de Palmas
et le "père" de scène; Luc Plamondon sont
de la partie. Une partie que Garou devra gagner sans problème.
Les cartes qu'il a en main sont trop belles pour qu’il laisse
échapper la victoire. Des chansons qui servent plus encore
l'étendue de sa palette vocale, d'autres qui se rapprochent
du blues (Une dernière fois encore), certaines qui sont
en rupture et font découvrir de nouveaux territoires musicaux,
{Pendant que mes cheveux poussent. Les filles} et toujours cette
voix unique, qui semble plus posée, gagnant en force et
en conviction. Les ingrédients d'une recette qui n'est
que celle du coeur et de l'émotion. Garou ne connait pas
d'autres langages et c'est ce qui fait de lui un grand. Un très
grand. Comme le dit parfaitement Jean-jacques Goldman à
qui on peut reconnaître une certaine expérience "Comme
Céline Dion et Johnny Hallyday, Garou est au-dessus. Cest
inexplicable mais en studio comme sur scène, ils sont un
cran au-dessus".
Confirmation
dans Reviens. M
RÉMI BOUET